Travail de Pacôme Balandier
Pacôme dans son « coin » présente la précarité de sa vie étudiante en trois actes et autant de pages web. Dans la première vidéo ci-dessous, il part à la rencontre de son quartier lausannois, Sébeillon, à travers une page de fond prenant la forme d’une vidéo réalisée à l’aide de Google street view. Les images froides et objectives de son quartier, rendues possibles par le service de navigation virtuelle, se heurtent aux photos en noir et blanc prises par Pacôme la nuit, ainsi qu’aux paroles écrites au‑dessus de la vidéo, qui représentent les mots de travailleurs et travailleuses du sexe. Pacôme a progressivement recueilli ces témoignages au cours de ses multiples déambulations nocturnes, révélant ainsi la transformation de cet espace urbain cosmopolite, dédié aux services de bureau le jour, en un lieu bien plus chaotique la nuit venue et où se retrouvent des populations précaires et de nationalités diverses. Les fissures de ce quartier sont mises en lumière par la production de l’étudiant et accentuées par une bande‑son jouant un air de Chopin sur un piano désaccordé. Cette musique a été interprétée dans un café du quartier par l’un de ses colocataires, sur demande de Pacôme qui l’a enregistrée.
La deuxième vidéo présente une deuxième page web dans laquelle Pacôme met en scène une série de photographies tournant autour du frigo. Celui-ci par ces différents compartiments symbolise la vie d'étudiants en colocation. Les aliments débordant d'un compartiment à l'autre deviennent une métaphore de l'impact de cette co-existence sur chacun des colocataires. La musique un peu bancal mais joyeuse rajout un sentiment léger à cette mise en scène.
"Au cours de ce module, nous avons créé un site internet sur la thématique de l’extimité « le mouvement qui pousse chacun à mettre en avant une partie de sa vie intime […] et qui ne peut se détacher de la notion de désir, du désir de se rencontrer soi-même à travers l’autre et d’une prise de risques » (Tisseron. 2011). Cela répondait remarquablement bien à nos besoins (sociaux et artistiques) suite à deux années pandémiques, que nous avons traversées, reclus et solitaires. Cette thématique a donc été doublement salvatrice, permettant tout d’abord de (ré)apprendre à s’ouvrir aux autres, en offrant des parties de nous très intimes, et en nous incitant fortement à nous tourner vers l’altérité."