Eprouver l'espace
L’introduction des technologies numériques à l’école est souvent accompagnée de l’image d’un corps de l’apprenant peu actif. D'une manière plus générale, la passivité du corps de l’élève dans la classe reste une problématique souvent soulevée dans différentes recherches en éducation. Claude Pujade-Renaud (2005) expose comment le corps de l’élève semble se concentrer principalement sur deux parties, l’oreille et la main, le reste du corps devenant invisible. La chercheuse va jusqu’à le définir comme « l’élève zombie » et soulève que « le rétablissement d’une vie relationnelle, corporelle et affective, facilitée par le changement spatial, favorise la circulation du langage» . Ainsi, il semblait intéressant d’évoquer ce changement de paradigme lors de ces séquences en arts visuels avec des smartphones ou des tablettes digitales : le caractère mobile de ces dispositifs numériques permet la mise en œuvre de diverses séquences engageant l'apprenant dans une attention perceptive soutenue et lui faisant travailler la relation de son corps à l'espace. Voici diverses expériences de création proposées lors de la formation de futurs enseignants généralistes se destinant à une charge d'enseignement avec des élèves âgés de 8 à 12 ans.
« Or le téléphone mobile a donné une incroyable liberté de mouvement au preneur d'images. Il peut sauter, s'accroupir, s'allonger sur le sol sans que cela paraisse étrange. Beaucoup de gens ont découvert, avec ces appareils, le plaisir de faire des photos non seulement avec l'œil, non seulement avec les mains, mais avec le corps entier. Les traces du monde qui en résultent seront probablement floues, bougées ou tremblées, sur ou sous-exposées. Mais qu’importe ! Notre mouvement y sera présent. »
Tisseron (2014, p.123)
