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Pratiques de création extime

L'objectif ici est de proposer quelques pistes d'expériences de création utilisant les pratiques "extimes" qui ont émergé avec l'avènement du Web. La notion d’« extime », définie par Tisseron (2002) comme « le mouvement qui pousse chacun à mettre en avant une partie de sa vie intime autant physique que psychique » (p. 52), est indissociable du « désir de se rencontrer soi-même à travers l’autre et d’une prise de risques » (Tisseron, 2011).

Ces pratiques consistent à exposer une partie de sa vie intime, que ce soit physiquement ou psychologiquement, sur des plateformes en ligne telles que les réseaux sociaux, les blogs ou les sites web personnels. L'écriture et l'image, sous forme de photographies ou d'animations, se prêtent particulièrement bien à cette forme d'expression. Selon Tisseron, ces pratiques permettent une réflexion sur soi-même et contribuent à la construction de l'estime de soi.

Les pratiques "extimes" trouvent leurs racines dans des formes plus traditionnelles comme les journaux intimes, les carnets de voyage ou les correspondances épistolaires. Cependant, les supports numériques leur confèrent une nouvelle dimension en combinant textes, sons, images et hyperliens. Cela rappelle également certaines démarches artistiques du 20e siècle, où de nombreux artistes contemporains ont utilisé leur intimité comme matière première pour leurs créations.

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Feu et Mur.

Mélanie Da Silva Pinho, étudiante du module BP63-IDn

L'utilisation des nouveaux médias, tels que le Web, a permis à ces pratiques de se développer de manière significative. Un exemple pertinent est l'œuvre de l'artiste Philippe de Jonckheere, qui a créé un site web multimédia appelé desordre.net, où il combine photographie, texte, vidéo, gif animé et bande sonore pour créer un journal autobiographique. Ces pratiques artistiques se caractérisent par une préoccupation des artistes de rendre compte de l'instant présent ou vécu, en utilisant des moyens techniques ou technologiques simples et rapides,  plutôt que de viser une finalité seulement esthétique. Ces caractéristiques se retrouvent également aujourd'hui dans de nombreuses pratiques amateurs à l'ère numérique.

 

Les connaissances culturelles

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Artiste: Philippe de Jonckeere

http://desordre.net/

Travailler autour des pratiques extimes dans l'enseignement des arts visuels

Ainsi, à travers l'acte de création, il est pertinent d'inviter les apprenants à porter un regard réflexif sur leurs propres productions "extimes". Ils peuvent partir de leur expérience vécue ou quotidienne pour proposer un point de vue sensible et réflexif. Cette démarche permet également de comprendre les logiques de production d'un support web multimédia et de créer différentes formes de productions néomédiatiques (gifs animés, vidéos, hypermédias, etc.).

En outre, à l’ère des réseaux sociaux et de leurs dérives potentielles (Blaya, 2013 ; Glowacz & Goblet, 2019), ce choix thématique leur a donné l’occasion de réfléchir de manière réflexive aux productions « extimes » qu’eux‑mêmes et leurs élèves rencontrent ou produisent quotidiennement. Il s’agit d’exploiter avec les étudiants ces pratiques d’exposition de soi dans une finalité artistique, en partant de leur expérience quotidienne pour proposer un point de vue sensible et réflexif. Ils sont encouragés à explorer différentes questions, telles que :

Comment procéder pour partager son expérience personnelle et sa sensibilité à l’ère numérique tout en gardant une certaine réserve ? Comment puis‑je trouver un équilibre entre la transparence et la dissimulation dans ces pratiques « extimes » ? Quelle part de réalité et de fiction se trouve dans cette expression de soi et comment utiliser des éléments fictifs pour enrichir l’expression de soi en ligne tout en restant authentique ? Comment utiliser des éléments symboliques ou métaphoriques pour représenter sa propre expérience vécue ? Quelles tactiques utiliser pour rendre les pratiques « extimes » en ligne plus profondes et significatives ?

Quel est l’impact de la maîtrise du texte, de l’image et du son dans la transmission de ma sensibilité et de mon expérience vécue ? Comment puis‑je exploiter les différents médias (texte, image, son) pour exprimer différentes facettes de mon identité et de mon vécu ?

Dans l'enseignement des arts visuels, il est intéressant d'exploiter les pratiques "extimes" dans une perspective artistique. Il existe une relation entre les pratiques artistiques et les pratiques amateurs d'exposition de soi. Cependant, il est important de réfléchir à la différence entre ces deux entités. Cette différence peut être observée lorsque des artistes utilisent des appareils peu coûteux de l'ère médiatique tels que les appareils photo jetables ou les polaroids mais aussi des technologies mobiles comme les smartphones. Baldner et Vigouroux (2005) , nommant ces démarches comme "des pratiques pauvres", soulignent que certains de ces artistes revendiquent l'influence de la photographie amateur.

 

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Lignes de failles, Brisures acoustiques et Éclosion végétale.

Alexandra Tzogalis, étudiante du module BP63-IDn

Baldner et Vigouroux (2005) soulignent que certains de ces artistes revendiquent l'influence de la photographie amateur. Cependant, il y a une différence importante : ces images ne sont pas simplement des enregistrements spontanés comme souvent chez l'amateur, car l'artiste privilégie souvent la mise en scène et invente de petites histoires intimes, à la fois réelles et imaginaires.Baldner et Vigouroux soulignent ainsi comment le degré d'intentionnalité de l'auteur distingue les pratiques amateurs des pratiques artistiques.

 

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