Travailler l'image en mouvement en arts visuels
La massification des appareils numériques mobiles (dispositifs légers et pratiques moins onéreuses) permet de mettre en place, dans un contexte de formation, des pratiques de création liées au monde cinématographique ou à l'art vidéo. La réalisation en classe de films tournés avec des smartphones permet d’initier les élèves à la création audiovisuelle dans le cadre d’ateliers de durée limitée, en utilisant un matériel facilement accessible. Il devient ainsi possible de travailler autour des notions cinématographiques, telles que la caméra objective ou subjective, la prise de vue, le cadrage, etc. Grâce aux applications, il est également possible de réaliser des films d'animation ou d'explorer la réalité augmentée. Les technologies mobiles ne peuvent pas rivaliser avec la qualité de filmage (image et son) offerte par une caméra classique. Cependant, leur facilité d'utilisation, la possibilité de travailler à la fois la production et la post-production sur une même interface, ainsi que la capacité de partager les productions sur diverses plateformes web, constituent des atouts non négligeables.
Intêret de travailler la vidéo dans un contexte de formation
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Mettre à jour les logiques de production de références culturelles visibles quotidiennement (jeu vidéo, cinéma, publicité...)
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Introduire des savoirs et des notions liés au cinéma ou à l'art vidéo
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Travailler les possibilités narratives et esthétiques propre à ces nouveaux dispositifs mobiles
Savoirs opératoires (compétences plasticiennes, théoricienne et culturelles)
Faire des choix selon le rendu souhaité
Savoir expliciter ses choix et son processus de création
Savoir se positionner par rapport à ses propres références culturelles ou aux références culturelles amenées dans le cadre la formation
Attitudes/ Savoirs êtres
Savoir entrer dans une démarche de création qui reste souvent collective
Son action dans le groupe, prise en compte de l'autre et connaissance de soi
Acquisition de méthodes de travail collective
En outre, comme le souligne Bégin (2015), "l’appareil numérique portatif offre bel et bien des possibilités narratives et esthétiques qui lui sont propres, et qu’il revient à l’artiste d’exploiter". Depuis une vingtaine d'années, de plus en plus d'artistes s'emparent des caractéristiques des technologies mobiles pour réaliser diverses productions filmées qui se regroupent sous les termes de Pocket film ou Pocket motion.
L’intérêt d’utiliser ces appareils peut être formel, comme dans le cas du film *Mobitelom* (2011) de la cinéaste Nedzad Begovic, qui, lors de ses longues déambulations, exploite les limites et les potentialités du smartphone pour jouer avec les plans et créer des images inédites, impossibles à obtenir avec des dispositifs cinématographiques plus conventionnels (Begovic, 2012). C’est aussi le cas de Jean-Claude Taki, qui a tourné son film *Sotchi 255* (2010) avec différents téléphones portables afin d’obtenir divers grains et esthétiques dans le rendu final. Dans une interview donnée dans le cadre du FID Festival à Marseille (TAKI, 2010), il revient sur la capacité plastique de ces nouveaux outils, qui l’ont particulièrement intéressé pour réaliser des films différemment. Il souligne cette proximité immédiate avec les actrices et acteurs permise par cet appareil, contrairement à un dispositif cinématographique très lourd, et précise que cela relève même d’une "sensation physique". Le téléphone mobile, qu’il compare à la caméra-stylo de Godard, permet de se libérer des contingences du cinéma, telles que la préparation lourde précédant l’autorisation de tournage, qui impose souvent une certaine gravité ou solennité à l’acte de filmer.
Filmer avec un téléphone, c’est réaliser le même geste que tout le monde fait aujourd’hui et, pour Taki, cela a profondément modifié son attitude lors de l’enregistrement de séquences ou celle des actrices et acteurs lors des tournages. Le film se construit par ailleurs différemment d’un film traditionnel, se composant peu à peu au gré de l’enregistrement que l’artiste réalise lors de ses déplacements et qu’il considère comme des fragments sensoriels. C’est pourquoi il préfère se comparer à la figure du sculpteur, mettant en forme une accumulation d’objets sensoriels, plutôt qu’à celle du cinéaste.
Les connaissances culturelles
Quelques artistes utilisant les technologies mobiles pour réaliser leurs films:
Alain Fleisher
Quelques ressources pédagogiques autour des pockets films ou des pockets motion:
Les propositions du pédagogue et cinéaste Benoit Labourdette
L'université populaire des images (UPOPI)
"Détour" de Michel GONDRY
Film publicitaire réalisé avec un smartphone en 2017
Quelques exemples en contexte de formation
Travailler le film d'animation
Utiliser la portabilité pour filmer son quotidien