Pratiques de remix

Le remix demeure une caractéristique très présente dans l'art des nouveaux médias. Celui-ci peut être défini comme une « pratique consistant à prendre des artefacts culturels, de les combiner et de les manipuler de telle façon à créer un nouveau type de mélange créatif » (Lankshear & Knobel, 2007, p. 1). Cette pratique se retrouve ainsi dans certaines démarches du Net Art, qui a émergé dès 1990 (Boillot, 2016), où des artistes vont parasiter des sites Web pour s’approprier leurs contenus. Ce genre de démarches, plus spécifiquement nommé Glitch Art, est marqué par l’intervention de l’artiste directement sur le code source original afin de l’altérer ou d’y ajouter d’autres contenus qu’il a créés au préalable.

Pour Boillot, ces différentes pratiques de remix présentent des caractéristiques parasitaires, appropriationnistes et associatives (entre données venant de diverses sources). Grâce à la popularisation de logiciels tels que Photoshop ou Garageband (Lankshear & Knobel, 2007), elles sont devenues de plus en plus courantes tant dans la scène artistique contemporaine que dans les pratiques amateurs. Ainsi, la production finale se démarque par l’originalité des combinaisons proposées, résultant des stratégies mises en place par l’auteur ou l'autrice pour les rendre pertinentes.

Dans le cadre de l'utilisation de technologies mobiles dans le processus de création, cette pratique de remix semble prendre encore d’autres formes. D’une part, les artistes vont souvent mixer les différentes fonctionnalités de l’appareil ; d’autre part, leur travail se construit entre images ou sons glanés sur le Web, qui sont mélangés à leurs propres données (Sven, Erik Beck, Isabelle Gagné) saisies avec ces technologies mobiles. Il s’agit ici de définir ces auteurs et autrices comme des artistes collectionneurs (Boillot, 2016), car ils amassent diverses données sur Internet pour les utiliser par la suite.

Ces pratiques – malgré toute la problématique sur les droits d’auteur que cela implique – sont d’autant plus présentes que la circulation et la quantité d’images accessibles sur Internet sont facilement téléchargeables. Mais la spécificité des arts mobiles réside dans le fait que ces productions ne se construisent pas uniquement sur du contenu emprunté sur le Web. Les productions de remix des arts mobiles se définissent plus souvent comme un assemblage entre données prises grâce aux spécificités de l’appareil numérique mobile (mobilité, multimédia, grande capacité d’enregistrement) et d’autres données glanées sur Internet, tels que le travail photographique ou sonore d’Erik Beck.